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Patrimoine immatériel : savoir-faire et traditions

Le patrimoine immatériel de Mortagne-sur-Gironde comprend des traditions et des savoir-faire qui évoluent au fil du temps. Au cours des siècles, des traditions historiquement nécessaires ont progressivement disparu alors que d’autres perdurent en s’adaptant aux nouvelles pratiques.

Durant les 19ème et 20ème siècles, des savoir-faire sont nés avec l’arrivée de l’ère industrielle et ont disparu avec son évolution à la fois technique, organisationnelle et géographique.

 

Bien que le contexte géopolitique puisse parfois susciter des inquiétudes, nous pouvons nous rassurer en constatant que la tradition militaire a progressivement disparu alors que Mortagne a longtemps entretenu des savoir-faire dans ce domaine au travers des guerres qui ont touché la région.

Durant le moyen âge, le château de Mortagne était une place forte très disputée notamment durant la guerre de Cent ans. Deux siècles plus tard, le château est encore fort utile durant les guerres de Religion.

Chateau de Mortagne-sur-Gironde

Même si la vocation militaire du château disparaît progressivement après le 16ème siècle, Mortagne renoue avec la tradition militaire à la fin du 19ème siècle où le port abrite des navires de guerre (torpilleurs, contre-torpilleurs, sous-marins) jusqu’au début de la première guerre mondiale.

Torpilleurs dans le port de Mortagne

Sur une durée plus courte, l’ère industrielle met fin à des savoir-faire anciens au profit de nouvelles pratiques qui disparaîtront elles-mêmes de Mortagne du fait du progrès industriel avec la concentration des moyens industriels et la nouvelle répartition des lieux de production.

Comme au 21ème siècle avec les enjeux internationaux autour de la transition énergétique, cette nouvelle approche de l’industrie qui révolutionne les traditions et savoir-faire artisanaux est initialement fondée sur l’exploitation en hausse à partir du 19ème siècle d’une source d’énergie : le charbon.

Le charbon qui contribue au développement de l’industrie à Mortagne est issue des mines du Royaume Uni et il est déchargée au port depuis des bateaux venant d’Angleterre en utilisant l’estuaire.

Débarquement du charbon au port de Mortagne

C’est ainsi que Mortagne-sur-Gironde voit l’arrivée de 2 minoteries en remplacement des nombreux moulins à vents ainsi que d’une cimenterie. Dans le même temps, le chemin de fer fait son apparition à Mortagne pour desservir à la fois le transport des marchandises de ses sites industriels et celui des voyageurs.

 

En 1904, suite à l'achat de la ferme de La Gravelle, la cimenterie de La Gravelle est mise en route en profitant sur place de la matière première par l’extraction des pierres nécessaires à la fabrication du ciment ainsi que du port et de la voie de chemin de fer pour le transport du ciment.

Extraction des pierres pour la cimenterie de la Gravelle
Cimenterie de la Gravelle en activité

Durant l’année 1936, lors des mouvements sociaux en France, l’usine est occupée par les ouvriers en grève afin d'obtenir la première semaine de congés payés et la semaine de 40 heures, acquises avec l'arrivée du Front Populaire au gouvernement. En 1937, l'usine ferme en raison de problèmes financiers et des grèves.

Après avoir servi pour le stockage d’engrais du Sénégal et de source de ferraille avec le démontage de ses installations métalliques, le site redevient une ferme en 1968 mettant fin à l’intermède industriel pour revenir à la tradition agricole.

 

L’avènement de l’ère industrielle a aussi des conséquences sur la production traditionnelle de farine par les nombreux moulins à vent de Mortagne. Avec les travaux d’aménagement du port en 1853 et l’établissement de la ligne de chemin de fer, les familles Verat et Parias implantent leurs minoteries au port.

Les 2 minoteries se développent en utilisant dans un premier temps comme source d’énergie le charbon provenant d'Angleterre puis l’électricité au début du 20ème siècle. Leur production de farine est expédiée jusqu'à Bordeaux par gabarre (bateau à fond plat) puis par train et enfin par camions.

Un ancien moulin produisant de la farine à Mortagne
Les 2 minoteries produisant de la farine à Mortagne

La minoterie Verat devenue un centre de distribution sous le nom de Gers farine cesse de façon progressive son activité en 2008. La minoterie Parias arrête son activité dans les années 1960.

La fin de l’activité industrielle des minoteries n’entraîne pas le retour à l’activité traditionnelle des moulins dans Mortagne mais le démarrage d’une activité commerciale dans les anciens locaux industriels autour du tourisme.

 

En complément essentiel de ses sites industriels, l’ère industrielle amène à Mortagne le chemin de fer.

En 1893, plusieurs lignes sont créées en Charente-Inférieure dont celle de Saintes à Mortagne-sur-Gironde qui est ouverte en 1894. Le prolongement de la ligne vers la gare de Mortagne port est ouvert en 1895.

La ligne part de Saintes État (gare actuelle) traverse la ville de Saintes pour atteindre Mortagne-ville avant de descendre sur les bords de l’estuaire de la Gironde à Mortagne-port terminus de la ligne.

Après la première guerre mondiale, une grande partie des lignes de chemin de fer d’intérêt local se retrouve en grande difficulté amenant le Conseil Général de Charente-Inférieure à racheter la compagnie des chemins de fer économiques des Charentes en 1928 pour l’exploiter en régie.

En 1935, il ne subsiste de Saintes à Touvent qu’un seul aller-retour en train à vapeur accessible aux voyageurs et au-delà vers Mortagne des autorails de Dion JM.

Transport de tonneaux en gare de Mortagne Ville
Autorail De Dion Bouton JM

La majeure partie du réseau est supprimée vers 1939 mais l’exploitation de la ligne Saintes-Mortagne est maintenue pendant la guerre et jusqu’en 1947.

En profitant aussi au transport des voyageurs, la voie ferrée a accompagné le développement industriel et laisse maintenant la place aux moyens de transport individuels et collectifs utilisant la route.

 

Si Mortagne sur Gironde a vu naître et disparaître des traditions et des savoir-faire fortement attachés à un contexte politique ou économique, des traditions ancestrales perdurent même si les savoir-faire associés ont évolué depuis les siècles précédents en profitant des progrès techniques.

C’est particulièrement le cas de la culture et de l’élevage comme le prouve l’exemple de la cimenterie de la Gravelle remplaçant une ferme qui a fini par reprendre son activité après la disparition de l’activité industrielle.

 

Les prairies en bordure d’estuaire sont propices à l’élevage des moutons pour lesquels les éleveurs conservent des savoir-faire spécifiques comme la tonte des brebis et l'éducation des chiens de bergers rassemblant aussi bien les moutons que les volailles. Ces savoir-faire sont célébrés tous les ans à Mortagne lors de la fête des moutonniers.

Travail de chien de berger

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